120                            HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
rappelait en ces termes les circonstances et l'époque de l'exé­cution de la tapisserie.
Icelui pasteur venerable (Guillaume de Hellande),
Meu d'une vertueuse plante,
L'an mil quatre cent soixante
Fit faire de bonne durée
Ce tapis où est figurée
La belle vie de saint Pierre.
Il a revestu mainte pierre
En ce chœur. Dieu qui est paisible
Lui doint (donne) vesture incorruptible.
A l'origine, la Vie de saint Pierre comptait dix pièces. La ca­thédrale de Beauvais n'en a gardé que sept. Une huitième, achetée à la vente d'un chanoine qui l'avait fait porter à son domi­cile et qui mourut sans l'avoir restituée, est au musée de Cluny; ùne neuvième enfin a récemment été signalée dans une collection particulière. Malheureusement la dernière, celle qui portait l'in­scription ci-dessus reproduite, paraît perdue.
Nous nous occuperons plus tard des autres tapisseries de l'église de Beauvais et de la curieuse suite des rois de Gaule, exécutée au commencement du xvie siècle.
L'évêque de Soissons, Jean Millet, qui occupa le siège épiscopal de 1443 à 1503, voulant se conformer àun usage alors fort répandu et laisser à son église une preuve de sa munificence, fit tisser pour elle une suite de tapisseries représentant la légende populaire de Saint Gervais et de saint Protais, qu'on retrouve à la cathédrale du Mans avec la date de 1509. Mais de la tenture de Soissons, évi­demment antérieure à celle du Mans et qu'il est permis de faire remonter au xve siècle, il n'existe plus qu'un seul morceau com­prenant trois scènes différentes. Sur le fond est plusieurs fois ré­pété le mot Paix, qui se lit également sur les panneaux de la Vie de saint Pierre à Beauvais. Est-ce une devise? Ne doit-on pas y voir plutôt une sorte d'invocation pieuse, de prière? Sa présence sur des tentures d'origine différente ne laisse pas que de compliquer le problème. La même idée se trouve, en effet, plusieurs fois répétée, sous une autre forme, dans la bordure d'une pièce représentant le roi Charles VIII à cheval partant pour la conquête de l'Italie, dont on parlera plus loin*.